Si j'ai fait de granit ma maison pour la mort,
Je n'ai fait qu'en raphia la maison de ma vie.
Je vois passer les jours sans désir ni remords,
Dans ma chair sans orgueil mon âme est assouvie.
J'ai du riz, un toit sûr, un lamba qui me vêt :
C'est là tout ce que pour moi mon vieux père rêvait.
Toutefois il me faut quand viendra l'agonie
Qu'on enroule à mon corps la toile cramoisie,
Le lambamena pourpre aux larges plis soyeux ;
Et qu'on garde à mes os le culte des aïeux.
Ainsi, moi trépassé, que l'on pleure ou l'on rie
Je dormirai content sans désir ni remords.
Je n'ai fait qu'en raphia la maison de ma vie
Si j'ai fait de granit ma maison pour la mort.
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