9 mai 2006 ... Andasibe

Aujourd'hui nous allons crapahuter dans la forêt pour voir les grands lémuriens Indri dans leur habitat naturel.

Martine et moi avons déjà fait cette balade en 2001. Elle va donc rester au Vakona et reposer sa cheville, au calme au bord de la piscine. L'eau est beaucoup trop froide pour se baigner, mais 15-16°, c'est idéal pour faire tremper sa cheville et anesthésier un peu la douleur.

Jojo, lui va garder la chambre. Il a "appelé Hugues" toute la nuit (expression avignonnaise qui désigne une intense activité de régurgitation) pour qu'il vienne récupérer son dernier romazava ! Il est littéralement "à la ramasse".

Notre programme du jour : la réserve Analamazotra, pique-nique et improvisation pour l'après-midi.

A suivre : De Andasibe à Manambato

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La réserve Analamazotra. Ce nom signifie "La forêt (anala) où il y a une rivière (mazotra). Elle couvre 810 ha. En plus des espèces locales, de nombreux pins on été transplantés (origine européenne) ainsi que des eucalyptus (d'Australie) dans les années 70. L'eucalyptus a pris aujourd'hui une grande importance économique : il fournit un excellent charbon de bois -seul combustible utilisé par la population en dehors des villes- et il se renouvelle très vite.

La réserve faune-flore a été crée en 1980 et devient la réserve des Indri en 1990.

Les 810 ha abritent environ 60 familles de lémuriens, chaque groupe familial comprenant 6 à 10 membres. Chaque groupe s'attribue un certain territoire et les rencontres frontalières sont l'occasion de "joutes verbales" destinées à intimider le groupe adverse. Et quand on sait que dans ces forêts, le cri du lémurien porte à plusieurs kilomètres, on imagine la cacophonie que ça provoque.

Pour une fois on a eu de la chance puisque ce matin-là on a pu assister à une de ces bruyantes rencontres. Je n'ai fait aucune photo, c'était une journée exclusivement consacrée au magnétoscope. Ils sont très difficiles à localiser et à suivre quand on en a trouvé un car ils se déplacent d'arbres en arbres par des sauts atteignant souvent une dizaine de mètres. Alors j'ai pris le parti de filmer devant moi, pour avoir au moins le son et si, possible, en voir un de temps en temps.

Pour voir cette séquence montée par Claude : c'est ici

Là aussi, alors que j'en avais trouvé un juste au dessus de moi, j'ai eu droit à une deuxième "séance de défécation" lémurienne !

On s'est tellement attardés à les écouter que la visite nous a pris toute la matinée. Et les Indris ont pris le pas sur toutes les autres espèces animales, plantes, et fleurs dont notre guide "Luc" ne manquait pas de nous donner le nom en "langue vernaculaire" (Luc semblait se délecter à prononcer ce mot).

Le nom malgache de l'Indri est "babakoto" ; cela provient d'une légende locale que je vous conte brièvement ...

Le pique-nique. Pour rejoindre l'endroit prévu pour notre pique-nique on se tape 22 km de vraie piste à l'ancienne, soit l'équation suivante :

22 km = 45 mn

Notre pique-nique a été préparé par l'hôtel qui nous a fourni également les couverts et les verres. Par contre, on a pas d'assiettes. Notre guide a prévu de nous faire manger à la manière des voyageurs de la forêt ; il nous découpe donc des assiettes dans des grandes palmes de ravinala.

J'ai aussi l'occasion de tester le chiotte de brousse ; l'ANGAP (organisme malgache qui gère les parcs naturels) est très strict sur ce sujet : pas de contribution à la nature ailleurs que dans l'édicule prévu à cet effet. On fait donc ça dans un petit kiosque muni d'un trou dans la dalle ; faut bien repérer où est ce trou quand on entre parce qu'il y a très peu de lumière ; ça ne manque pas de papier, il y a un tas de vieux journaux ; ça ne manque pas de grosses mouches non plus !

A la recherche des sifaka . On est venus pique-niquer à cet endroit dans l'espoir de débusquer des sifaka. Ici, c'est du sport et on va tous avoir de la peine à escalader les 300 mètres de dénivelé pentus en moyenne à 30%. Il faut escalader ça et faire avec les racines, les lianes, les arbres tombés. Je pense aux "Bob Morane" que je lisais dans ma jeunesse : il fait une chaleur moite, étouffante, la chemise colle à la peau. Inutile de dire les difficultés que j'ai a respirer : c'est pas un trajet pour un asthmatique.

Au sommet, il y a un autre groupede touristes mais pas de sifaka en vue. On quitte le sentier pour descendre dans les taillis ; par moment la pente avoisine les 60% ; on patauge dans environ 30cm d'humus. Ensuite il faut remonter pour retrouver le sentier balisé. On restera bredouille. En revanche, on finit par dénicher un lémurien noctune planqué dans un "asplenium nidus" épiphyte ... Dérangé, il nous contemple de ses yeux ronds ...

On dirait un peu Maître Yoda !

De retour au Vakona, c'est le calme absolu dans la voiture ; on est lessivés par cette escalade et les seules bribes de conversation tournent autour de ce qu'on a vécu le matin.

On va passer une bonne nuit de récupération dans ce hâvre de paix. Demain, on reprend la route : direction Manambato et Ankanin'ny Nofy sur les Panagalan.

à suivre : Retour

 

Défilement automatique.

La légende de Babakoto.

Koto (prononcer "coute") est un petit garçon. Un jour il est parti chercher du miel sauvage dans la forêt. Les malgaches consomment le miel mais ils ne savent pas élever les abeilles. Alors il faut aller recueillir le miel dans les arbres.

Koto monte très haut. Mais alors qu'il est en plein travail, une abeille, pas contente du tout, le pique cruellement.

La douleur empêche maintenant Koto de redescendre : il a mal et très peur. Il sait qu'il risque de tomber, de se faire très mal, de mourir peut-être.

Il est observé par un grand Indri qui a tout vu et qui a pitié du pauvre garçon. Alors, cet Indri l'aide à redescendre en le prenant sur son dos. Alors qu'il était en danger de mort, Koto se retrouve sain et sauf sur le sol. Une deuxième naissance en quelque sorte et donc l'Indri est son deuxième père.

Alors, par respect, les malgaches donnèrent à l'Indri ce nom de "Babakoto" : le père (baba) de Koto.